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Quelquepart, sur la route...
13 décembre 2008

Nuit européenne

I.

Nuit européenne!

Ton ciel gémit de griffes teignes
Dans ces filets trépigne et saigne!
La crête urbaine et burins et mains
Où gît ton corps, inerte, humain.

C'est le récif de chair où s'éteint
Le temps ailé aux troubles destins
La sculpture évanouie où s'épuise
Drames et folies, coupures d'infini

Tu es cette augure indigne et infidèle
Où l'homme s'éclipse, sommeille d'éternel
Cette blessure céleste, vignes de sang
Où s'ennivre la poésie mutine du Néant

Nous sommes les devins de notre propre temps
Divaguant aux entrailles du Vieux Continent.

II.

Nuit européenne!
Je sens tes villes frémir!

Leurs allées et avenues sont tressées de lignes
Des frissons lumineux y caressent l'échine
Ces nerfs, ces rayures sont de sombres portées
Où vombrit un orgue, antique, rouillé!

Vibrant toc - télégraphique - criblé

Leurs places et monuments ont ce visage dur et sage
Trop vieux de ne plus vieillir clameurs et hommages
Passés. Nos yeux s'insurgent en silence, désertés
Hantés par la valse impérieuse des pages oubliées.

Notre mémoire suinte de nouvelles épopées
Sans lendemains - courcircuitées.
Notre iris cavale sur des éclats d'or
Emballé.

Leurs rues et leurs méandres sont toutes des putains
Vautrées, où nous tanguons, pantins de nos désirs
Sur leur ventre muré siège un nombril d'acier
La ville se vide, repue, digère sa haine.

Et ça fait splotsch, et ça fait "pop"
Can't stop

Leurs trottoirs étouffés sont des abîmes ambrées
La mort que couve de lumière les réverbères
Linceul dense, pétales de jazz dans l'air
Et ça swingue de chimères, comme à Broadway.

Ca pense au monde qui peut plus tourner
Comme ce 33' rayé qu'on écoute
Pour oublier

Leurs théâtres et cinémas sont tous bondés
Où y voit quelques rimbauds chevelus sous LSD
Jouer les gangsters verbeux, les lèvres en holster
Les révolutionnaires manqués qu'on aurait oublié

Et puis il y a tous ces putains de gens pressés de vivre
Ivres et fantasques, jouer du masque, hurler ventriloques
Don Quichottes improvisés qui butent aux moulins
Electriques de la peur, qui creuse nos manques, nos rages
Ailés

Suffit!

Que l'on se lève et gueule: Maintenant!
Cessons de crever et pleurer au passé.

III.

Nuit européenne!
J'ai vu toutes ces choses,
Toutes ces choses qui ne sont pas toi
Je suis à l'abri ici, m'en veut pas

C'est une demande que je t'impose:
Nous tes enfants raconte-nous
Tes histoires pour de vrai, les plus crades
Les plus horribles, les plus immondes
Celles qui font peur, celles qui glacent
Pour ne plus dormir, comme des cons

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Commentaires
Y
tavais dit avoir lu ceci, mais en fait je n'avai pas encore vu ceci.<br /> ceci bon
Quelquepart, sur la route...
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