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Quelquepart, sur la route...

14 décembre 2008

Le blues du lointain

Caresser le lointain, comme on couche une femme
Qui tangue aux lendemains et s'élance au temps
Dans un cri infini de flammes, offertes au vent.
Halètement séjourné, déserts vastes et profanes.

Caresser le lointain, comme on s'ouvre et fanne
Au monde, voyagé dans un souffle, en soi
En cette glace claire, en ce coeur froid
Où se brise le temps, vagues brûlantes de sang.

Caresser le lointain, comme on revoit cet autre soi
Ce chien errant et sauvage aux landes sans rivage
Apprivoiser sa démence, craindre les adieux sages
Hurlement déraciné, poussière, vibrants émois.

Caresser le lointain, comme l'amante qui n'est
Lorsqu'on l'attend parfois, au bord d'une route
Solitudes sacrées où nus on écoute
Ces silences secs, gouffres que l'on tait.

Caresser le lointain, comme ces vieux paysans noirs
C'est la terre qui pend aux cordes de leurs guitares
Et chante!

C'est le blues du lointain qui prend au tripes.

Blind_Willie_McTell1


Bon, voilà qui met un "point d'honneur" à ce genre musical que j'aime par dessus tout et qui m'emporte, me fait voyager au-delà de toute frontière. Cela me tenait vraiment à coeur. Voilà qui devrait me disuader - temporairement - de bassiner mes proches à ce sujet (j'ai dit point d'honneur et pas point final, bande de nases ;) !)

En écoute, pour accompagner la lecture, ce morceau génialissime de Blind Willie Johnson qui m'a inspiré ce texte: "Dark was the night cold was the ground" - http://www.deezer.com/track/2044174 -


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13 décembre 2008

Nuit européenne

I.

Nuit européenne!

Ton ciel gémit de griffes teignes
Dans ces filets trépigne et saigne!
La crête urbaine et burins et mains
Où gît ton corps, inerte, humain.

C'est le récif de chair où s'éteint
Le temps ailé aux troubles destins
La sculpture évanouie où s'épuise
Drames et folies, coupures d'infini

Tu es cette augure indigne et infidèle
Où l'homme s'éclipse, sommeille d'éternel
Cette blessure céleste, vignes de sang
Où s'ennivre la poésie mutine du Néant

Nous sommes les devins de notre propre temps
Divaguant aux entrailles du Vieux Continent.

II.

Nuit européenne!
Je sens tes villes frémir!

Leurs allées et avenues sont tressées de lignes
Des frissons lumineux y caressent l'échine
Ces nerfs, ces rayures sont de sombres portées
Où vombrit un orgue, antique, rouillé!

Vibrant toc - télégraphique - criblé

Leurs places et monuments ont ce visage dur et sage
Trop vieux de ne plus vieillir clameurs et hommages
Passés. Nos yeux s'insurgent en silence, désertés
Hantés par la valse impérieuse des pages oubliées.

Notre mémoire suinte de nouvelles épopées
Sans lendemains - courcircuitées.
Notre iris cavale sur des éclats d'or
Emballé.

Leurs rues et leurs méandres sont toutes des putains
Vautrées, où nous tanguons, pantins de nos désirs
Sur leur ventre muré siège un nombril d'acier
La ville se vide, repue, digère sa haine.

Et ça fait splotsch, et ça fait "pop"
Can't stop

Leurs trottoirs étouffés sont des abîmes ambrées
La mort que couve de lumière les réverbères
Linceul dense, pétales de jazz dans l'air
Et ça swingue de chimères, comme à Broadway.

Ca pense au monde qui peut plus tourner
Comme ce 33' rayé qu'on écoute
Pour oublier

Leurs théâtres et cinémas sont tous bondés
Où y voit quelques rimbauds chevelus sous LSD
Jouer les gangsters verbeux, les lèvres en holster
Les révolutionnaires manqués qu'on aurait oublié

Et puis il y a tous ces putains de gens pressés de vivre
Ivres et fantasques, jouer du masque, hurler ventriloques
Don Quichottes improvisés qui butent aux moulins
Electriques de la peur, qui creuse nos manques, nos rages
Ailés

Suffit!

Que l'on se lève et gueule: Maintenant!
Cessons de crever et pleurer au passé.

III.

Nuit européenne!
J'ai vu toutes ces choses,
Toutes ces choses qui ne sont pas toi
Je suis à l'abri ici, m'en veut pas

C'est une demande que je t'impose:
Nous tes enfants raconte-nous
Tes histoires pour de vrai, les plus crades
Les plus horribles, les plus immondes
Celles qui font peur, celles qui glacent
Pour ne plus dormir, comme des cons

27 novembre 2008

Nuit de la chair

À Benoît Halet

Souvenirs en cavale, vagabond dans la nuit fauve,
Je rode sur des sentiers aux rivages frais et roses.
Dans leurs rides se lovent des coulées d'oubli chaudes,
La pluie bat mon visage qui n'ose plus chatouiller l'Aube.

Ma gorge est serrée et mes paupières closes.

Ce soir se sauve, ma chambre est désertée,
J'ai risqué mon amour pour l'Infini, accidenté.
Le ciel implose d'ardentes maternités,
C'est un automne astral aux éclats dorés.

Je fornique en transe, par la pensée,
Vibrant aux flots des retombées.

Les arbres au vent crépitent, le souffle coupé
Je suis le berger et l'amant de l'Absente, sommeillée
Qui paît le feu et l'or et l'argent dans les prés
Ruminant d'obscurs silences, cultivant la Beauté

Voile écarlate sur le gouffre des années.
Toison chancelante aux couleurs chantantes.

L'horizon écorché, quelques clochers au loin
Une croute, une plaie sous la voute qui panse
Et couve d'enfances mes jaillir mes hoquets
D'avenir.
Je ris a-musé, s'il faut m'ouvrir blessé,
Et souffrant au désir, voyagé.

Le lointain s'écoule comme mon sang.

Chacal lumineux je traque mes latences,
Mes rêves rances, mes dénis, mes pitances,
Dans la nuit délicieuse croustillée de feu.
Une nouvelle étincelle attise mes yeux.

Le firmament brûlant et brumeux est fissuré
Par des lèvres bleutées qui battent de l'aile
Dans un murmure, un baiser : une promesse réelle
D'Amour, d'Amitié. Migration hors du Temps.
Elles m'invitent à partir, maintenant !

Mais l'heure sonne, mon escapade prend fin
Sans heurt mon âme tonne dans le crachin
Les sentiers ont des crues aux reflets lunaires
Où mon regard s'envole, et mon corps se perd
A l'envers.

Nuit de la chair.

Mon cœur a des ardeurs, des éclosions sentimentales
Que mon corps trouble a pris dans son rêve, infernal
Il crie, il s'indigne, il prie dans son sommeil !
Mon âme sourde et fourbe attend le Réveil...

                      - Rupture -

Mes tempes sont moites de ces douces insomnies
J'ouvre la fenêtre, miroite, il a neigé cette nuit.
C'est l'encre immaculée, c'est celle des premières pages
C'est celle qui s'efface, la gestation des folies sages !

À toi l'Ami, toi qui as écouté ces rêves calcinés
Prends donc ces gerbes de cendres noires
Et disperse-les, dans une trêve, en ta mémoire :
« Je suis né. »
Encore une fois.

Bertrand Werbrouck (25/11/08)

16 novembre 2008

"Cosmic trip"

Quelques bulles de comic strip, prose de la génération pop

Copulations onomatopées, délires cosmiques, ponctués

Bouffées de cigarettes, canapés sonores et syncopes

Nos désirs esquissés sont d’ivres clandestinités


Ma pensée, à la dérive, délivre des mots embouteillés

Diagnostic lucide : naufrage à la page quarante deux

Ma mémoire a le visage chaviré de feuilles cornées

Habillage cosmétique, j’y paraitrais peut-être moins vieux


Vagabond électrique, je caracole, vol de nuit

Bribes toniques et collages au formol dans mon esprit

Autopsie, capture sur le vif, chasse aux papillons lubriques 

Au rapport, je dessine le portrait de mon propre ennui.


L’Infini en steak haché sur son lit de révolutions manquées

« Sur place ou à emporter ? » Ca f’ra trois pièces d’identité

Ma mémoire sample, façon jazzeux, quelques boucles fiévreuses

Maternités cérébrales et instantanées, ma chair est rêveuse   


Clochard céleste, je me couvre des éclats de journaux

Voilà la poésie des ghettos bourgeois qui tient chaud

Voyage au cœur du Néant, j’y ai trouvé quelques Amis

Ceux auxquels ces vers malades, postmoderneux, je dédie.

Bertrand Werbrouck (le 16/11/08)


C'est une longue période de doutes qu'achève ce poème (qui n'est cependant pas sans maladresses). Ce pourquoi je le dédie à tous mes putains d'amis qui m'ont soutenu dans ces moments perdus. Bonne lecture...

26 octobre 2008

Vénus automnale

Ton regard est le brasier ardent

Qui dore l’automne de mes vingt ans

Je sens des crachats de feu jaillir

Le linceul sonore de mon désir

J’entends vibrer les violons rouillés

Ou l’archet du poète, révélé

A chanté les printemps divins de ton corps

Mon esprit est une saison qui dort

Mes mains froides sont comme deux feuilles

Qui posent sur toi un triste deuil

Je verrai ton âme danser encore

C’est le miroir brisé de ma propre mort


Le dernier en date... J'ai enfin eu le temps d'écrire.

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27 septembre 2008

Ivresses

Amis, vous souvenez-vous ?

Nos folles errances, nos vertiges insensés

Pèlerinages incertains et pleins d’ivresses

Aux printemps célestes et sauvages.

Amis, vous souvenez-vous ?

Plongés dans la tourmente délicieuse

D’un ciel absent, nous bondissions

Libres et déments, pareils à des astres fous.

Amis, vous souvenez-vous ?

Nous étions affamés de tout, rassasiés de rien.

Quand épuisés nous avions des visions ultimes

Près du foyer vivace et divin, nous riions

Comme des enfants sur l’édredon

Amis, un jour nous serons prêts

Sur l’échafaud solaire et bienveillant.

Tous ces rêves comme un nœud coulant

Autour de nos cous pâlots

Nous étreindront d’amour

Et nous respirerons un nouvel air.

Réjouissons-nous mes amis

Demain est bien loin.


Bon, c'est un "one shot" (ça fera rire certains de mes lecteurs, ils se reconnaîtront) mais j'en suis assez fier. Il faut savoir étouffer son "bon sens" parfois...

26 août 2008

Renaissances

Le ciel sans fond s’éteint avec les remous suaves de nos ardeurs passées, précipitées l’une dans l’autre, insouciantes. L’abîme, lacérée de grands traits écumeux, se tend dans un cri, un cri qui est mon absence, et notre doux ravage, lointain écho qui frémit ! Torpeurs, à présent : je m’abandonne dans l’épaisse sécheresse des couleurs virtuoses, échouées sur des rivages incertains ! Ma solitude est insensée, et je ne comprends pas les vieux secrets érodés que gerbent ces entrailles fumeuses. Mon regard crève, et l’œil, berceau d’épines, grince et épluche l’écorce nerveuse, affolé ! Soudain, l’envahisseur approche, il est aux portes de ma folie ! On croirait entendre des sons de cloche, tuméfiés et ivres, qui déchirent le ciel en haillons rayonnants ! Il bave de l’or liquide, notre sang, qui s’écoule, superbe, dans un creuset en acier ! Je suis libre, enfin, alors que je goûte à cette nouvelle chair, libre et triste. Enfin…

16 avril 2008

Relique

En manque d’inspiration, je me rappelais les printemps sévères d’une saison bohémienne, le faste grotesque et impudique du blasphème de ce qui naît. Cette cérémonie profane se cueillait en bouquets de mille sons, mille couleurs, mille odeurs : les vins capiteux, sang neuf, la boue mystique, les fumées houleuses aux contours dénudés, les courants troubles, célestes et infinis. Ce viol cosmique  m’échappait et apparaissait déjà la première ride de mon âme.

La lumière a coulé depuis et je revois ces choses comme on entre dans un temple sans dieux, pour se recueillir. C’est une glace frémissante où se figent les haillons d’un temps qui n’a plus d’âge, et où resplendit le reflet plein d’ardeur du créateur !

Tout cela est sur ton visage absent et interdit, idéal, ce visage qui m’appelle mais échappe à mon geste ! Laisse-moi l’anéantir, le faire voler en éclats, y planter une croix, pour l’éternité…

Ecrit le 16/04/08

16 avril 2008

Broadway Blackout

Ecrit le 22/02/08.

Bon, soyons honnêtes, je n'en suis pas vraiment satisfait mais c'est une belle tentative.

J'errais dans les rues sales à la recherche du Grand Frisson. Coordonnées sur les ondes du Temps-Intervalle, l'attitude étrangère, autre hémisphère, contact: le photographe en métal se dissout - vertige sans dessus dessous, spectacle somnambule des passions-miroir, songe essentiel, artifices de Rock n' roll nasillard en uniformes délavés, la liberté, l'ombre des blue-jeans, la foule aux pieds, guillotine céleste, sang, sueur, larmes, foutre-ration pour les étoiles - Je joues, enfin? Qu'importe! J'ai perdu la connexion du Néron Palace en lambeaux de néons: retour des hostilités, orgasmes visuels aux reflets palots qui se dressent comme des poings levés vers le Néant. Ils s'ombrent maintenant à la menace du soleil couchant. Parasites sur les ondes, autre fréquence, grésillement d'apocalypse suave.

– Rupture de l'idole s'envisage –

Court-circuit. Fusion des pôles soi-disant "opposés". Blackout sensuel. Les vieilles cicatrices s'ouvrent, le pus des années qui coule à même la chair, canal irrigué d'où jaillira l'Amour.

27 décembre 2007

"Dans le vent"

À travers l'errance débauche
Du monde et ses couleurs
La larme à l'oeil se perle
Rosée d'aubes brumeuses

Ventilateur de chair - bleu
Orgues vifs de l'esprit - jaune
Chute du vieux puits lunaire - rouge
Divertissement de voyou
Qui de son beau sept coups tire
Sur les spectres de son âme

Tu écoutais aux portes blanches
La rumeur de la tempête
Et bien trop pressé que faire
Sinon ravir de tendresse
Les fleurs de sang à la terre
De ta main lisse sur l'écorce
Au crépuscule claironnant

Bertrand Werbrouck

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