Relique
En manque d’inspiration, je me rappelais les printemps sévères d’une saison bohémienne, le faste grotesque et impudique du blasphème de ce qui naît. Cette cérémonie profane se cueillait en bouquets de mille sons, mille couleurs, mille odeurs : les vins capiteux, sang neuf, la boue mystique, les fumées houleuses aux contours dénudés, les courants troubles, célestes et infinis. Ce viol cosmique m’échappait et apparaissait déjà la première ride de mon âme.
La lumière a coulé depuis et je revois ces choses comme on entre dans un temple sans dieux, pour se recueillir. C’est une glace frémissante où se figent les haillons d’un temps qui n’a plus d’âge, et où resplendit le reflet plein d’ardeur du créateur !
Tout cela est sur ton visage absent et interdit, idéal, ce visage qui m’appelle mais échappe à mon geste ! Laisse-moi l’anéantir, le faire voler en éclats, y planter une croix, pour l’éternité…
Ecrit le 16/04/08